Article La République des Pyrénées par Ségolène Lesporti
Publié le 04/06/2018


Passée par L’Oréal ou Yves Rocher, Marilyne Reuschlé a fondé il y a 7 ans son propre éco-laboratoire de cosmétiques, à Amou.



PORTRAIT
Dans une ancienne conserverie à la sortie d’Amou, près d’Orthez, se cache une petite pépite. ArtetCos est un éco-laboratoire
spécialisé dans les cosmétiques. Depuis 7 ans, la discrète mais non moins prospère entreprise de Marilyne Reuschlé, 35 ans,
conçoit et fabrique des produits de beauté sains et naturels, aujourd’hui exportés dans le monde entier.

Blues de la grisaille parisienne

Pour la trentenaire diplômée de cosmétologie, l’histoire débute à Amou, dans la maison de vacances de sa grand-mère
dacquoise. Après avoir grandi à Paris, elle entame sa carrière chez l’Oréal puis Yves Rocher, où elle participe à l’élaboration de
produits. Technicienne, elle doit « formuler » selon les désirs de l’équipe marketing, fonctionnement qui ne laisse guère de latitude
à sa créativité. Elle s’ennuie. S’y ajoute le rêve d’un autre cadre de vie, loin de la grisaille parisienne. En 2008, elle saute le
pas et s’installe dans la région.Mais avec son profil spécialisé, la jeune femme voit cependant peu d’opportunités d’emplois
s’offrir à elle. Après deux ans et demi de travail à Agen, la machine s’emballe toutefois. Coup sur coup, trois anciens clients
la contactent pour la création d’un cosmétique. Ils seront les déclencheurs du lancement de son propre laboratoire. « J’étais
innocente à l’époque, je n’avais aucun entrepreneur dans ma famille. Heureusement, cela aurait bien pu me décourager ! »,
rigole-t-elle. ArtetCos ouvre ses portes en 2012. Lors de ses premiers pas, son activité est cepedant parfois mal comprise. « Au début, on
venait me voir pour des soins esthétiques. » Afin de pouvoir « proposer un accompagnement clé en main », Marilyne se forme à la parfumerie et au marketing
de luxe chez Cartier. Aujourd’hui, elle peut créer un cosmétique de A à Z, de la conception au packaging.

Un labo nature et local

En quelques années, l’entreprise a fait du chemin. Dans son registre clients figurent plus de 90 clients, de Thermadour au
spa de luxe Alaena à Biarritz, en passant par la chaine Sephora. Avec son équipe de sept salariés et une chaîne de production capable de produire deux tonnes
par jour, soit 20 000 produits, elle exporte aussi aux États-Unis, au Brésil, en Asie et aux Émirats arabes unis. Seul bémol : « On
travaille dans l’ombre ». Et pour cause : les produits sont estampillés aux marques des clients et le laboratoire n’est jamais mentionné.
Certains des produits conçus à Amou parcourent le monde, d’autres sont destinés au marché local. « Beaucoup de
petits producteurs viennent nous voir pour monter leur marque», raconte celle qui à notamment planché sur des produits à base de lait d’ânesse.
S’ancrer dans le territoire et mettre en valeur les matières premières locales lui tient d’ailleurs à coeur. C’est pour cette raison qu’elle a créé avec
son conjoint apiculteur Api’Sens, ligne de cosmétiques à base de miel conçue avec des matières premières du cru.
L’éco-laboratoire met aussi l’accent sur la traçabilité. « On sait d’où vient chaque matière première, c’est l’un des premiers
gages de qualité. »

L’atout champêtre

Autres atouts, l’innovation et une souplesse que n’ont pas les grands groupes, ce qui laisse à ArtetCos le temps de mettre au
point des formules correspondant à l’attente de ses clients. « Être à Amou, c’était un frein à la crédibilité, au début », avoue
toutefois Marilyne. Peu à peu, ses clients, habitués aux embouteillages, ont fini par apprécier le safari landais. « Lorsqu’ils arrivent,
ils sont détendus. Ils viennent pour un jour ou deux, sepromènent dans le village. Celaleur offre une parenthèse : onpeut travailler de manière paisible
et détendue. Ils adorent. » « Le côté champêtre du labo est devenu une vraie identité et une force de vente ! »

Malgré sa réussite, la jeune femme garde la tête sur les épaules. « À l’avenir, j’aimerais développer davantage le laboratoire,
mais de manière intelligente. Je ne veux pas trop grossir pour ne pas faire que de la gestion. Je veux pouvoir accompagner
chaque client, continuer à élaborer les recettes. Maintenant, on peut se payer le luxe de refuser des projets ! »


SÉGOLÈNE LESPORTI Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.